Forum sur la situation migratoire
( 15-04-2016 )
Le Parlement de Wallonie a accueilli ce 15 avril 2016 un Forum sur la situation migratoire organisé sous l'égide du Conseil parlementaire interrégional présidé par M. André Antoine.
Dans son intervention introductive, M. Antoine a rappelé que l'Europe peine à trouver des solutions efficaces et solidaires à la crise migratoire et qu'une réflexion s'impose en vue d'une réforme de l'action publique qui soit respectueuse des droits fondamentaux.
Il a insisté sur le devoir d'information et de vérité pour prévenir les mouvements de rejet voire la xénophobie.
Il en a appelé à une plus grande cohérence des politiques européennes mais aussi des politiques menées au sein de chaque pays en n'oubliant pas le nécessaire soutien financier aux pouvoirs locaux qui sont très concrètement concernés par les accueils.
Enfin, il a souhaité que les initiatives citoyennes soient plus promues et mieux reconnues.
André Antoine a conclu en citant Martin Luther King : « Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots ».
Des experts internationaux se sont ensuite succédés à la tribune pour mettre en évidence de nombreux éléments d'analyse et de construction de perspectives.
Il a été souligné que le monde compte 60 millions de réfugiés dont près de 90% vivent dans des pays en développement.
S'agissant du million de réfugiés arrivés en Europe en 2015, année record, ils proviennent pour l'essentiel de Syrie et d'Iraq -pays marqués par de profonds conflits- mais aussi d'Afghanistan, d'Erythrée et de Somalie. Si près de la moitié ont été accueillis en Allemagne, il faut quand même relever que si l'on tient compte du nombre d'habitants, ce sont la Hongrie, la Suède et l'Autriche qui sont les plus concernés.
Ces migrants sont confrontés à de multiples difficultés touchant au droit des personnes ainsi que l'a illustré M. Scriban, Conseiller principal sur la crise migratoire à la Direction générale Migrations et Affaires intérieures de la Commission européenne. La réponse européenne à cet égard est assurément perfectible tant en termes de solidarité que de responsabilité comme l'a exposé M. Lindenbauer, représentant du Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR).
Sur le plan économique, tel que l'a souligné M. Dumont, Chef de la division des migrations internationales à l'OCDE, les craintes liées à l'afflux de migrants paraissent moins fondées que souvent évoqué. Ainsi, l'impact sur le marché du travail semble maîtrisable surtout si l'on accorde une plus grande attention aux compétences des réfugiés. Par ailleurs, les dépenses publiques en soutien aux réfugiés pourraient stimuler le PIB à concurrence de 0,2%.
S'il semble qu'en ce début d'année 2016 les flux migratoires se réduisent, la persistance de plusieurs crises géopolitiques ne peut conduire à ce que le dossier quitte le premier plan de l'actualité d'autant que s'ajoute à cela le fait que la migration intra-européenne croît et qu'existent aussi des mouvements liés au regroupement familial.
Des experts nationaux ont ensuite décrit la situation dans les différentes entités de la Grande Région en mettant en évidence les initiatives mises en place.
Les nombreux parlementaires présents ont tantôt interrogé les différents experts tantôt exposé leur position politique dans cet important dossier.
Sans préjudice des travaux que le Conseil parlementaire interrégional poursuivra dans les prochaines semaines, notamment en vue de sa séance plénière du 17 juin 2016, il apparaît essentiel de :
- accorder un meilleur soutien aux pays de transit et de premier asile ;
- renforcer la sécurité des personnes ;
- adapter en permanence les capacités d'accueil en privilégiant les structures locales qui sont les mieux à même d'effectuer un travail de proximité ;
- améliorer les soins de santé mais aussi les aides psychosociales voire psychiatriques ;
- veiller à la scolarisation des enfants, en créant notamment des classes d'accueil ;
- affiner les parcours d'intégration qui ont été mis en place et réfléchir à l'obligation de les suivre ;
- prendre autant que possible en compte la diversité des situations individuelles ;
- encourager le bénévolat qui joue un rôle important au niveau local ;
- poursuivre le dialogue entre les différentes entités concernées afin de veiller à l'efficience des politiques publiques.
Le Président Antoine souhaite que chacun prenne encore mieux et plus ses responsabilités face à une crise multiforme qui est celle de la solidarité, de la coordination, de la sécurité et peut-être même des institutions. Il a lancé un appel à chacun pour qu'il surmonte une certaine timidité.
Le challenge est européen -notamment parce que l'Europe est entourée de zones de conflit et le théâtre principal de la crise- mais aussi international. Cela suppose que la concertation et la collaboration soient encouragées.
Dans ce contexte, le Conseil parlementaire interrégional doit continuer à jouer son rôle et contribuer à une combinaison plus efficace des dispositifs publics et de la générosité citoyenne, en n'oubliant pas que la migration est aussi une opportunité.