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Les conséquences du télétravail sur la désertification des centres urbains et le marché des bureaux

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2021
  • N° : 539 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 18/06/2021
    • de CREMASCO Veronica
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Le 9 juin dernier, les règles de confinement étaient modifiées et la presse s'est largement fait l'écho des changements à venir, notamment par rapport au télétravail.

    En effet, un corollaire marquant de la crise du Covid-19 est d'avoir amené 40 à 60% des belges à télétravailler. En tout état de cause, il s'agit d'une petite révolution quant à notre façon de fonctionner. » Cette phrase est extraite d'un article de L'Echo du 9 juin qui présente une étude de l'Ires (Institut d'études économiques et sociales de l'UCLouvain) qui étudie les avantages du télétravail, mais aussi ses inconvénients.

    Mes questions concernent deux thématiques liées à l'urbanisme et l'aménagement du territoire.

    Tout d'abord, un risque est clairement identifié : la dévitalisation des centres urbains et d'affaires et la perte des activités qui gravitent autour (snacks, marchands de journaux, et cetera). Cette évolution, si elle n'est pas encadrée, pourrait creuser les inégalités entre les centres et leurs périphéries et exacerber des tensions territoriales.

    D'autre part, le marché immobilier de production de bureaux ralentit fortement et on peut décemment se dire qu'il va falloir rapidement reconvertir une partie non négligeable de ce parc.

    Alors que la "Redynamisation des centralités et des commerces" est inscrite au cœur du Plan de relance, quelles actions Monsieur le Ministre a-t-il entreprises pour mieux appréhender et gérer ces deux phénomènes ?

    L'étude post-Covid commandée à la CPDT a-t-elle déjà fourni des conclusions ?

    En a-t-il déjà pris connaissance ?

    A-t-il décidé de mettre en œuvre des mesures en urgence, d'autres à moyen ou à long terme ?
    Si oui, pourquoi et selon quel agenda ?
  • Réponse du 01/07/2021
    • de BORSUS Willy
    Je suis, tout comme l’honorable membre, conscient et attentif aux conséquences directes et indirectes de l’épidémie de Covid-19 sur nos modes d’habiter, de travailler et de consommer ainsi sur nos villes et territoires.

    En ce qui concerne le risque de dévitalisation des centres, celui-ci n’est pas neuf et pas exclusivement en lien avec la crise actuelle. Le développement et l’attractivité urbaine sont depuis de nombreuses années en lien avec le temps passé au sein de ces villes. Le secteur commercial, avec le nombre de cellules vides qui ne cesse d’augmenter, est une illustration de ce déclin structurel. Les conséquences éventuelles de la pandémie s’apparentent donc plus à une accélération ou une accentuation d’un phénomène déjà largement préexistant avec la périurbanisation et l’exode urbain.

    L’impact de l’accroissement du télétravail sur le marché immobilier de bureaux est, pour sa part, beaucoup plus directement lié à la crise actuelle et à la modification des habitudes de travail que celle-ci a engendré. Cependant, s’il est certain qu’une étape a été franchie en matière de télétravail, il n’est à l’heure actuelle, pas possible de déterminer la part que celui-ci prendra réellement lorsque la situation sanitaire sera revenue à la normale. Indéniablement, de nouveaux équilibres devront être trouvés alliant travail à domicile et sur site (ou parfois via le coworking).

    Les politiques opérationnelles de revitalisation urbaine, de redéploiement de sites à l’abandon ou de restructuration de quartiers urbains sont autant de moyens déjà actifs pour renforcer l’attractivité de centres urbains et, le cas échéant, reconvertir des bâtiments dont les fonctions ne sont plus adaptées aux besoins d’aujourd’hui. De nouvelles réflexions et actions s’orientent aujourd’hui vers des notions prônant une plus large mixité fonctionnelle, une pluricentralité de nos villes et un retour de l’humain dans la conception de nos lieux de vies. Ces notions s’intègrent déjà dans nos politiques d’aménagement du territoire comme dans les documents d’orientation ou via l’introduction de la zone d’enjeu communal au niveau du plan de secteur.

    Comme l’honorable membre le mentionne, le Plan de relance nous permet aujourd’hui de rencontrer ces attentes et d’opérationnaliser toute une série de mesures en lien avec la redynamisation des centralités et des commerces. Nous entendons démontrer par l’exemple que la reconquête des centralités est non seulement souhaitable, mais surtout possible, et ce dans différentes typologies de villes et communes. Il est en effet essentiel que la démonstration de reconquête des centralités soit faite dans différentes typologies de polarité, et ce afin d’avoir in fine un effet d’entraînement sur une large part du territoire wallon, dans toute sa diversité.

    Au niveau de l’étude post-Covid demandée à la Conférence permanente du développement territorial, je ne suis pas à l’heure actuelle encore en possession des résultats complets de l’expertise, celle-ci devant se finaliser dans les semaines qui viennent.

    Je peux cependant dire que l’équipe de recherche a concrétisé le dialogue avec les acteurs de terrains au travers de trois séminaires et finalise l’intégration de ces apports qui traduisent le partenariat que nous envisageons pour répondre à ces défis majeurs du développement territorial de ces prochaines années.

    Je ne manquerai pas de tenir au courant l’honorable membre des conclusions de cette expertise et de mettre en œuvre les recommandations permettant de tirer parti de cette crise pour un développement plus durable de notre territoire.