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La disparité de genre en matière de mobilité et l’étude de l’ASBL Mpact

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2024
  • N° : 558 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 21/03/2024
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    L'ASBL Mpact a mené une enquête auprès de 200 étudiants sur leur expérience de la mobilité en Belgique, révélant des disparités de sécurité entre hommes et femmes. Les femmes se sentent nettement moins en sécurité que les hommes, avec une prévalence plus élevée de sentiment d'insécurité et de crainte d'agressions sexuelles lors de leurs déplacements, quel que soit le moyen de transport utilisé. Même les modes de transport solitaires tels que le vélo et la trottinette sont concernés.

    L'ASBL Mpact appelle à repenser la planification de la mobilité pour garantir une sécurité égale pour tous, notamment en intégrant la perspective de genre dans la conception des infrastructures et en proposant des solutions concrètes telles que l'amélioration de l'éclairage public et l'intégration de services adaptés aux besoins spécifiques des femmes.

    Quelles initiatives le Gouvernement wallon envisage-t-il pour garantir la sécurité des femmes dans les transports en commun et les modes de transport partagés en Wallonie ?

    Quelle est l'analyse de Monsieur le Ministre en la matière ?

    Comment le Gouvernement wallon compte-t-il intégrer la perspective de genre dans la planification de la mobilité pour répondre aux préoccupations soulevées par l'enquête de l'ASBL Mpact ?

    Monsieur le Ministre peut-il nous fournir des détails sur les mesures spécifiques envisagées pour améliorer l'éclairage des arrêts de bus et des espaces publics dans le cadre de la promotion d'une mobilité plus égalitaire en termes de genre ?

    Envisage-t-il d'introduire des dispositifs spécifiques dans les transports en commun, tels que des sièges pour enfants ou des services de location de poussettes, pour répondre aux besoins des femmes et promouvoir une mobilité plus inclusive en Wallonie ?
  • Réponse du 06/05/2024
    • de HENRY Philippe
    J’ai à cœur de pouvoir offrir à chacun et à chacun d’entre nous la possibilité de se déplacer dans l’espace public de manière apaisée, sereine et en toute autonomie.

    Il est aussi largement documenté que l’aménagement de l’espace public doit mieux prendre en compte la dimension de genre pour renforcer le sentiment de sécurité et favoriser la mobilité des femmes.

    Le TEC ne fait pas de distinction en termes de harcèlement et la problématique est traitée dans son ensemble (sexisme ou public particulier).

    En mars 2021, en collaboration avec mon cabinet et celui de la Ministre Morreale, le TEC a lancé une campagne de sensibilisation sur le harcèlement dans l’espace public. Axée sur le rôle du témoin, celle-ci poursuivait deux objectifs majeurs :

    - interpeler et conscientiser les Wallons sur la réalité du harcèlement pour les pousser à agir (« j’ai un rôle à jouer ») ;

    - donner les clés pour réagir lorsqu’on est témoin d’un comportement de harcèlement dans l’espace public, et notamment dans les transports en commun (« je sais comment faire/réagir »).

    Cette campagne multicanale, diffusée notamment en télévision, via des affichages dans les bus et trams, aux arrêts de bus et via les réseaux sociaux, renvoyait vers un site (jagis.be) réunissant des conseils pour agir en tant que témoin et/ou victime. Cette campagne a permis de toucher 4 millions de personnes via les médias digitaux et plus de 63 802 clics ont été enregistrés sur les posts/publicités. Au niveau démographique, ce sont les 18 à 65 ans qui ont été essentiellement sensibilisés.

    Cette campagne a été rediffusée en 2022 à l’occasion de la journée des droits des femmes.

    Le TEC est également en contact avec les autres opérateurs de transport (STIB, De Lijn, SNCB) pour créer des actions communes qui renforceraient l’impact de ce type de communications.

    Par ailleurs, l’Académie de la Mobilité (cellule de formation interne au TEC) a mis à son catalogue de formation un module de sensibilisation au harcèlement. Tous les conducteurs entrants sont donc formés sur l’attitude et la procédure à adopter.

    La procédure est également rappelée lors de l’une des formations continues pour le personnel d’exploitation ciblé (conducteurs, contrôleurs, dispatchers).

    Le comportement attendu des agents de vente face aux divers publics fait lui aussi l’objet d’une partie de leur formation continue. L’évaluation de l’impact de cette formation sera disponible fin de cette année.

    En février 2023, l’enquête de satisfaction réalisée par l’autorité organisatrice du transport dont nous avons reçu les résultats en avril 2023 reprenait la question suivante :

    « Avez-vous déjà eu le sentiment d’avoir été victime de comportement ou propos sexistes, de contacts physiques inappropriés et non consentis dans les transports TEC ? ».

    Cette question permet de suivre l’indicateur sur le harcèlement. En 2023, 9 % des clients interrogés signalaient avoir été victimes de comportements inappropriés. Pour rappel, l’enquête fait état du ressenti des clients et ne correspond donc pas nécessairement à une hausse avérée des faits de harcèlement.

    Enfin, d’autres actions ont été mises en place en ce qui concerne le harcèlement dans les transports publics : les fiches d’ambiance des chauffeurs ont été adaptées afin de facilement signaler un souci de ce type auprès des responsables de dépôts et un volet spécifique a été mis en place dans l’application du TEC afin de guider le comportement attendu des clients lors de comportements inadéquats.

    L’ensemble des actions mises en place par l’OTW démontre que ce sujet est pris très au sérieux par l’opérateur. Il s’agit d’ailleurs d’un engagement formalisé dans le nouveau contrat de Service public dans lequel l’OTW s’engage à lutter contre toutes formes de harcèlement, de violence ou de discrimination, et notamment en :
    - garantissant l’affichage de publicité exempte de préjugés sexistes ou à caractère discriminatoire ;
    - menant des campagnes régulières de prévention et de sensibilisation aux différentes formes de harcèlement ;
    - assurant à titre gratuit, au moins une fois par an, la mise à disposition d’espaces publics non concédés (ex. : arrondis de plafond, menu déroulant, support digital, sites internet et applications de planification de voyage via une bannière…) pour assurer la promotion des lignes d’écoute violences conjugales 0800/30.030 et SOS Viol 0800/98.100 ;
    - assurant la formation du personnel roulant pour leur permettre de détecter et réagir, dans le respect de leur mission, à des situations de harcèlement.

    Les nouveaux arrêts de bus, comme ceux de Charleroi-Centrale, sont à présent plus aérés, plus lumineux afin d’apporter un meilleur confort et un sentiment de sécurité plus important.

    Concernant les dispositifs particuliers dans les véhicules, il existe déjà des emplacements réservés pour les poussettes et les personnes à mobilité réduite. Il n’existe, par contre, pas de service de location de poussette organisé par l’OTW. En effet, ce besoin n’est pas spécifique au transport en commun, mais concerne bien la mobilité et l’aménagement de l’espace public en général. Par ailleurs, considérer que ce type de services pourrait répondre aux besoins des femmes me semble être une politique du passé assez caricatural.

    Au niveau des modes actifs, j’ai sollicité fin 2022 l’IWEPS et le SPW Mobilité Infrastructures pour entreprendre un projet de recherche axé sur la mobilité active, en mettant l’accent sur l’inclusivité, en particulier du point de vue du genre. L’objectif principal de ce projet de recherche est d’analyser la mobilité active sous l’angle du genre.

    Il s’agit de mieux comprendre les enjeux particuliers pour différentes catégories de femmes de l’usage (ou du non-usage) des modes actifs et de l’utilisation des infrastructures dédiées à ces modes, en tenant compte de la diversité des territoires géographiques.

    Un rapport est en cours de finalisation. Une publication officielle est prévue au cours de la deuxième quinzaine de mai. Cette publication sera accompagnée d'un podcast et d'un communiqué de presse.

    De manière plus générale, des études ont montré que l’usage de la voiture rencontre des disparités de genre. Les femmes sont plus souvent passagères et, lorsqu’elles conduisent, leurs trajets sont plutôt dévolus au travail domestique (conduire les enfants à l’école ou aux activités extrascolaires, faire des courses…), alors que ceux des hommes sont plutôt liés à la sphère professionnelle (aller au travail…).

    Réduire la part modale de la voiture revient donc à lutter à la fois contre le dérèglement climatique, la pollution sonore et les discriminations de genre. Tout au long de cette législature, cela aura été mon ambition afin de développer les alternatives de mobilité que sont les transports en commun et la mobilité active.