Le bilan du projet de plantation de 4000 kilomètres de haies
- Session : 2023-2024
- Année : 2024
- N° : 393 (2023-2024) 1
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Question écrite du 18/04/2024
- de DURENNE Véronique
- à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
Alors que la législature se termine, Madame la Ministre peut-elle faire le bilan de cette opération ?
Depuis 2019, combien d'arbres et de kilomètres de haies ont été plantés ?
Comment les différentes données ont-elles été comptabilisées ?
Concernant les plants, quelle est la proportion de plants produits en Wallonie ?
D'où proviennent les plants étrangers ?
Enfin, des mesures structurelles sont-elles envisagées afin de garantir une continuité de ce projet de plantation de haies et d'arbres ?
Réponse du 03/06/2024
- de TELLIER Céline
Force est de constater que ce programme est une franche réussite. En effet, son double objectif a été atteint en janvier dernier : plus de 4 200 km de haies sont aujourd’hui inscrits au compteur, valeur remarquable à laquelle il faut ajouter 1 450 000 arbres.
Au-delà de ces chiffres, il est important de noter que le programme a permis de lancer une série d’actions concrètes et durables sur le terrain permettant de changer les modes de production de plants, d’améliorer les plantations pour que celles-ci soient plus pérennes, de sensibiliser tous les acteurs de la société à l’importance de sauvegarder la biodiversité, de rendre accessibles plants de haies, graines, boutures, et même, en cas de pénuries, de permettre la réalisation de haies sans faire appel à la plantation, d’apporter des solutions pour l’entretien des haies, de revaloriser et faciliter l’accès aux subventions à la plantation, et cetera.
C’est incontestablement un grand pas en avant pour la biodiversité, mais aussi pour le bien-être des animaux, la qualité du sol, la lutte contre les inondations et les coulées de boues, l’atténuation des effets du dérèglement climatique, et bien d’autres vertus.
C’est donc un bilan extrêmement positif que mes services et moi-même sommes fiers de présenter en cette fin de législature.
Créer une filière wallonne de production de plants wallons était un véritable défi, car les sites de production sont principalement situés en Ardenne où les conditions de production sont beaucoup plus difficiles qu’en Flandre (où les terrains sont plats, de meilleure qualité, avec un climat plus doux, et cetera). De plus, le développement d’une telle filière prend du temps. La production d’un plant nécessite d’une part la récolte de graines en amont, dépendante des fructifications naturelles et donc d’efficacité variable, puis la réalisation des opérations nécessaires à la levée de la dormance, et enfin les étapes de culture, qui nécessitent de 2 à 3 ans avant qu’un plant soit prêt à être livré.
Nous avons mis en place diverses actions, en étroite collaboration avec le secteur, afin de développer cette filière :
1) Nous avons accordé une subvention à l’Union ardennaise des pépiniéristes afin de permettre un accompagnement des pépiniéristes wallon dans le but de lever les freins à la production de plants de haies wallons ;
2) Un important contrat de culture prévoyant la fourniture annuelle de plants de haies pour un total de 1 200 000 plants a été conclu avec les pépiniéristes wallons. Le but est d’assurer un débouché suffisant à cette nouvelle filière et de contrecarrer la pénurie de plants de haies qui s’observait un peu partout en Europe. Certains producteurs se fournissent en Flandre pour honorer le marché, mais on estime que plus de 60 % des plants de ce marché public ont été ou seront bien produits en Wallonie ;
3) La mise en place de la charte « Végétal d’ici », qui vise à mettre en avant les plants ligneux et herbacés produits localement et respectant divers critères de qualité. Elle vise à mettre en lumière la production locale et nos producteurs, à assurer au client que le plant qu’il achète est de qualité et produit localement, et à développer une filière économique au service de la biodiversité et de l’environnement.
Grâce à ces actions, un véritable changement de paradigme a pu être opéré puisque la production de plants a été quadruplée en 5 ans, et continue d’évoluer constamment. Six producteurs sont actuellement signataires de la charte « Végétal d’Ici » et deux nouveaux producteurs devraient bientôt la rejoindre. Cela aura très certainement de nouvelles conséquences positives sur la production.
L’appel à projets BiodiverCité à destination des communes wallonnes prévoit un incitatif pour les plants « Végétal d’ici ». Ainsi, 63 communes se sont déjà engagées à acheter au moins 30 % de leurs plants sous cette charte, ce qui représente un minimum de 47 250 euros qui iront à ces producteurs wallons dès cette année.
En parallèle, notons qu’une filière « saules » a été créée grâce au CRA-W. Le CRA-W possède une collection de saules et il livre annuellement environ 7 500 plançons aux pépiniéristes wallons. Avec un plançon, on peut faire quatre boutures, ce qui représente donc 30 000 saules par an.
De même, notons que, depuis 10 ans, les huit pépiniéristes wallons adhérant à la charte CERTIFRUIT ont commercialisé plus de 150 000 arbres fruitiers. L’étiquette CERTIFRUIT garantit d’avoir un arbre cultivé localement et des variétés robustes, tolérantes aux maladies. Ces anciennes variétés ont été sélectionnées par le CRA-W, dans son verger conservatoire.
Notons finalement l’important travail des pépinières domaniales du Département de la nature et des forêts, qui se sont investies dès le départ dans la production de plants wallons et ont augmenté progressivement leur production à partir de graines wallonnes pour atteindre 100 000 plants en 2023, avec une diversité de plus de 20 essences.
Pour terminer, notons que différentes mesures structurelles ont bien été prévues afin de garantir la continuité de la dynamique initiée par le programme « Yes We Plant ! » :
- la subvention accordée à l’Union ardennaise des pépiniéristes vient d’être renouvelée pour une année supplémentaire ;
- la charte « Végétal d’ici » rencontre un franc succès et va continuer de mettre en avant la production locale et de qualité les prochaines années ;
- l’équipe des Conseil’haies stimule et accompagne des projets de plantation qualitatifs d’arbres et de haies. Ce marché d’une durée de 4 ans se terminera en 2027 ;
- les structures sélectionnées via l’appel à projets permettant la mutualisation de l’entretien des haies vont continuer leurs actions jusqu’au moins la fin de l’année 2025 ;
- la subvention à la plantation d’arbres et de haies est devenue plus intéressante et accessible, elle devrait donc être encore plus sollicitée à l’avenir ;
- une convention-cadre multipartenaires revalorisée permet l’accompagnement du milieu agricole à long terme dans le cadre de la plantation de haies, arbres fruitiers, agroforesterie ;
- une subvention « multipartenaires » pour le développement de l’agroforesterie successionnelle ;
- les actions de communication et de sensibilisation lancées lors du programme ont certainement permis de mettre en avant la place de l’arbre et de la haie dans notre paysage. Cela aura probablement des effets durables sur la dynamique de plantation les prochaines années.