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La prolifération des rats

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2024
  • N° : 401 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 22/04/2024
    • de LENZINI Mauro
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Les hivers moins rudes jouent un rôle majeur dans la prolifération exacerbée des rongeurs, notamment des souris et des rats. En effet, ces animaux trouvent plus facilement de la nourriture et peuvent ainsi se reproduire toute l'année. Les dératiseurs constatent une hausse globale significative de la population de rats.

    Plusieurs établissements du secteur de l'HORECA sont envahis et leur présence dépasse largement le simple aspect repoussant. Les rats commencent à avoir des conséquences inconfortables pour l'être humain. Vecteurs de maladies, ils peuvent transmettre la leptospirose, infection pouvant entraîner une mort rapide.

    Les causes de cette invasion sont multiples. Il est certain que le réchauffement climatique a son rôle à jouer, néanmoins, les habitudes et comportements humains entraînent aussi des conséquences. On peut notamment mentionner la hausse de composts, directement liée au tri obligatoire des déchets, ou la mise à disposition de nourriture pour chats ou oiseaux.

    Comment agir activement pour lutter contre la prolifération des rats et des souris ?

    Les cas de leptospirose sont en baisse ces dernières années. Madame la Ministre peut-elle nous indiquer si cette tendance à la baisse continue pour les chiffres de 2023 ?

    Quels sont les leviers déjà existants pour les citoyens voulant combattre une invasion ?
  • Réponse du 03/06/2024
    • de TELLIER Céline
    Les rongeurs, tels que les souris et les rats, peuvent effectivement transmettre des maladies graves à l’humain, dont la leptospirose. Pour évaluer la prévalence des bactéries à l’origine de la leptospirose (Leptospira spp.) chez les ragondins, les rats musqués et les rats surmulots, une étude sur deux ans (2022 et 2023) a été menée par le service de santé et pathologies de la faune sauvage de l’ULiège, dans le cadre de la convention avec le Service public de Wallonie, en collaboration avec le service de piégeages. Des leptospira spp. ont été détectées chez les trois espèces. Comme résultats préliminaires, nous retiendrons que les ragondins présentaient la prévalence apparente la plus faible en 2022 (0.92 %) et aucun cas n'a été détecté en 2023. Les rats musqués avaient une prévalence de 4 % pour les deux années, tandis que, pour les rats surmulots, les leptospira spp. ont été détectées dans 31 % des cas en 2022 et dans 21 % des cas en 2023, avec cependant pour cette espèce un faible échantillonnage.

    En Wallonie, la leptospirose est une maladie à déclaration obligatoire chez l’humain. Elle présente une incidence saisonnière, avec une augmentation des cas à la fin de l'été et en automne, en lien avec les conditions climatiques et avec une exposition accrue, notamment lors d'activités récréatives en eau douce. La contamination peut se faire par contact direct avec un animal infecté ou indirectement par contact avec de l'eau ou du sol contaminé. En l'absence de diagnostic ou en cas de traitement tardif, la leptospirose peut être mortelle.

    En Belgique, environ 24 cas humains de leptospirose sont diagnostiqués chaque année, dont certains sont liés à des voyages à l'étranger. En 2023, Sciensano a rapporté préliminairement 38 cas, dont 32 confirmés, un nombre supérieur à la moyenne des années précédentes, mais comparable à celui observé en 2014 et en 2021. L'origine de l'infection est rarement rapportée, mais environ la moitié des cas pour lesquels le pays de contamination est connu ont été infectés à l'étranger.

    L’évolution cyclique des populations de rongeurs est influencée par les conditions climatiques, les ressources alimentaires et par la présence de prédateurs. En 2023, une année particulièrement pluvieuse, il est possible que les rongeurs aient migré à la suite des inondations de leurs galeries vers des infrastructures humaines, augmentant le risque d’interactions avec les humains. Dans ces environnements urbains, le piégeage est nécessaire pour contrôler les populations de rats. La meilleure façon de prévenir une infestation de rongeurs est d'éliminer les sources de nourriture, d'eau et les abris potentiels.

    En Belgique, l'hygiène et la sécurité alimentaire dans les établissements HoReCa sont réglementées et contrôlées par l'AFSCA (Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire). Tous les commerces alimentaires doivent respecter des procédures de gestion de la sécurité sanitaire des aliments basées sur les principes du système HACCP (Hazard Analysis - Critical Control Point) : Règlement CE n° 852/2004 (http://eur-lex.europa.eu/search.html?DTN=0852&SUBDOM_INIT=CONSLEG&qid=1411543223447&type=advanced&DTS_SUBDOM=CONSLEG&lang=nl&DTS_DOM=EU_LAW&instInvStatus=ALL&DTA=2004&locale=fr) et l’arrêté royal du 14 novembre 2003 relatif à l’autocontrôle (http://www.favv.be/autocontrole-fr/legislation/). Cette obligation découle du principe de responsabilité des producteurs : Règlement 178/2002/CE (http://eur-lex.europa.eu/search.html?textScope0=ti-te&qid=1450705594275&DTS_DOM=EU_LAW&type=advanced&lang=en&andText0=general%20food%20law&SUBDOM_INIT=CONSLEG&DTS_SUBDOM=CONSLEG). La législation en matière de sécurité alimentaire vise à prévenir toute contamination et à garantir la salubrité des aliments, notamment en stockant les déchets alimentaires dans des conteneurs sécurisés pour éviter l'accès aux parasites.

    En tant que responsables de la salubrité publique, les bourgmestres doivent sensibiliser les résidents et faire appel à des services de dératisation selon les besoins. Pour les résidents, plusieurs méthodes de prévention sont recommandées :
    • boucher les trous à l'intérieur et à l'extérieur des maisons pour empêcher l'entrée des rongeurs ;
    • piéger les rongeurs autour des maisons pour réduire leur population, en veillant à ce que les dispositifs soient hors de portée des enfants et des autres animaux. À noter que l’utilisation des poisons n’est pas recommandée et présente le risque de conduire à des empoisonnements non souhaités ;
    • retirer les objets qui pourraient servir d'abri aux rongeurs ;
    • prendre des précautions lors du nettoyage des zones souillées par l'urine des rongeurs, en portant des gants et un masque ;
    • éliminer les sources de nourriture potentielles pour les rongeurs en conservant les aliments dans des récipients hermétiques et en jetant régulièrement les ordures dans des poubelles munies de couvercles étanches.

    De plus, dans un écosystème équilibré, les populations de rongeurs peuvent être régulées par leurs prédateurs naturels. Il est ainsi essentiel de favoriser la présence des rapaces et des petits carnivores, par exemple en installant des nichoirs à chouette effraie ou des postes de chasse pour les rapaces diurnes et en limitant les prélèvements dérogatoires sur le putois ou la fouine.