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La transmission du virus H5N1 aux animaux et à l’homme

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2024
  • N° : 413 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 26/04/2024
    • de LENZINI Mauro
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    En 2020, une nouvelle épidémie importante de grippe aviaire a frappé les oiseaux en Europe et a entraîné une vague de mortalité chez les oiseaux sauvages. Depuis septembre 2022, les différentes parties prenantes en Belgique se sont réunies dans la task force « Grippe aviaire » afin de déterminer des mesures appropriées face à la problématique.

    Le virus est en recul en Europe, mais l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) s'inquiète d'une nouvelle complication. Aux États-Unis, la maladie s'est transmise à des bovins et, plus particulièrement, à des vaches laitières. Phénomène inopiné jusqu'à présent, le virus a ensuite été transmis à un fermier et fait craindre une propagation potentiellement plus importante.

    La grippe aviaire s'est rarement transmise à l'homme, ce dernier étant peu confronté aux oiseaux et aucun cas de transmission d'homme à homme n'a été enregistré. Néanmoins, les conséquences sur les humains se sont avérées relativement graves, la moitié des personnes infectées en sont décédées.

    Madame la Ministre peut-elle nous indiquer si la task force « Grippe aviaire » a pris connaissance de cette nouvelle problématique ?

    A-t-elle obtenu davantage de détails pour appréhender au mieux cette information ?

    Des cas similaires de transmission à des bovins sont-ils à craindre en Belgique et en Wallonie ?
  • Réponse du 03/06/2024
    • de TELLIER Céline
    La propagation de l'influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) dans diverses régions du monde, ainsi que la détection récente de cas chez les bovins, sont des sujets préoccupants pour la communauté internationale. L'Organisation mondiale de la santé animale (OMSA), en collaboration avec ses centres de référence et l'OFFLU (https://www.offlu.org/index.php/mission-and-objectives/), surveille de près la situation pour évaluer les risques pour les animaux et les humains. Bien que l'IAHP affecte principalement les volailles et les oiseaux sauvages, il peut parfois être transmis aux mammifères, y compris aux humains. Au cours des deux dernières années, un nombre croissant de cas de grippe aviaire H5N1 a été rapporté chez des mammifères terrestres et aquatiques. Les détections récentes d'IAHP chez des vaches laitières aux États-Unis ont suscité des inquiétudes, car cela pourrait indiquer un risque accru d'adaptation du virus H5N1 aux mammifères.

    Jusqu'à présent, les recherches n'ont pas révélé d'adaptation spécifique aux humains ou aux mammifères. Néanmoins, plusieurs études sont en cours pour explorer davantage la virulence et la transmissibilité de ces virus, notamment parmi les bovins. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) pour les infections zoonotiques et la santé publique estiment le risque comme « faible » pour la population générale dans l'UE/EEE et « faible à modéré » pour les personnes exposées professionnellement ou autrement à des oiseaux ou des mammifères infectés, qu'ils soient sauvages ou domestiques.

    À ce jour, aucun cas d'IAHP n'a été signalé chez les bovins en Belgique ni dans l'UE/EEE. Le Service public de Wallonie - Agriculture, Ressources naturelles et Environnement (SPW-ARNE) participe activement au groupe de vétérinaires et d’experts évaluant le risque des zoonoses émergentes, connu sous le nom de Risk Assessment Group – Veterinary – Emerging Zoonoses (RAG-V-EZ) - https://favv-afsca.be/fr/themes/animaux/sante-animale/rag-v-ez-informations-concernant-le-risk-assessment-group-veterinary-emerging-zoonoses-rag-v-ez. Ce groupe d'experts émet également des recommandations dans une perspective de One Health, intégrant la santé humaine, animale et environnementale. Faisant suite à la nouvelle de l’existence d’un foyer H5N1 chez des bovins au Texas, le groupe a récemment publié une évaluation du risque d'infection des bovins par l'IAHP A(H5N1) comme étant « très faible à faible » en Belgique. Il est recommandé, dans tous les cas, de mettre en place des pratiques de biosécurité rigoureuses pour réduire le risque d'infection par l’IAHP chez les bovins. Cela inclut notamment la réduction des contacts entre les bovins et les animaux susceptibles d'être porteurs du virus, ainsi que l'interdiction d'utiliser du fumier de volaille dans les pâturages destinés au bétail. Il est à noter que, depuis le 22 mars 2024, la Belgique a retrouvé son statut indemne d'influenza aviaire hautement pathogène chez les volailles. En conséquence, depuis le 6 avril 2024, l'obligation de confinement des volailles n'est plus en vigueur. Cependant, le nourrissage des volailles et des oiseaux captifs doit être effectué à l'abri des oiseaux sauvages pour éviter tout risque de contamination.

    Pour l’avifaune, une procédure stricte a été établie pour la collecte et la transmission des oiseaux trouvés morts vers le laboratoire national de référence, Sciensano. Cette procédure a été renforcée depuis 2022, en raison des impacts importants sur la faune sauvage, notamment à la suite de lâchers massifs de faisans pour la chasse. Concernant les mammifères sauvages, la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Liège, sous convention avec le SPW-ARNE, effectue des autopsies et d’autres examens complémentaires de laboratoire pour détecter précocement les agents pathogènes émergents, dont la grippe aviaire. Certaines espèces, comme les félins, le Renard et les mustélidés, présentent un profil épidémiologique à haut risque pour la grippe aviaire. Une attention particulière a aussi été accordée aux centres de revalidation des espèces animales vivant à l’état sauvage (CREAVES) qui soignent des animaux, oiseaux et mammifères potentiellement infectés. Des mesures de biosécurité ont été mises en place pour assurer la sécurité du personnel et des animaux de ces centres.