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Le problème climatique et l'influence du CO2 et du gaz méthane

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2010
  • N° : 749 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 02/07/2010
    • de EERDEKENS Claude
    • à HENRY Philippe, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire et de la Mobilité
    La Cour des Comptes dans l'examen critique de la «Politique climatique fédérale» et la « Mise en œuvre du protocole de Kyoto » a adressé en juin 2009 un rapport à la Chambre des représentants.

    Dans les pages annexées 6 et 7 de ce rapport,divers propos ont été exprimés sur ces problèmes climatiques.

    Monsieur le Ministre partage-t-il l'analyse de la Cour des Comptes ?

    De façon paradoxale, la Cour des Comptes conclut de l'examen de ce dossier que les conséquences d'un changement climatique seraient assez limitées en Belgique et donc par voie de conséquence en Wallonie. Est-ce bien exact ?

    D'autre part, est-il exact comme l'exprime la Cour des Comptes que le méthane aurait un effet 21 fois plus important que le C02 en matière d'impact des gaz à effet de serre sur le réchauffement climatique?

    En clair, Monsieur le Ministre partage-t-il la pétition de principe de la Cour des Comptes selon laquelle les vaches par exemple seraient davantage responsables par le méthane qu'elles dégagent du réchauffement climatique constaté ... que les ménages qui doivent chauffer leur immeuble, les particuliers comme les entreprises qui utilisent des véhicules à l'essence ou au diesel ou les activités économiques qui utilisent de l'énergie fossile.

    Où est la vérité?
  • Réponse du 06/09/2010 | Annexe [PDF]
    • de HENRY Philippe

    J'attire l'attention de l'honorable Membre sur le fait que le rapport de la Cour des comptes ne conclut pas que « les conséquences d'un changement climatique en Belgique seraient limitées », mais bien que les « les conséquences d'un changement climatique en Belgique seraient vraisemblablement limitée ». Il convient ici de ne pas omettre le degré d'incertitude associé à cette conclusion. Je l'invite également à consulter la référence utilisée par la Cour des comptes, dont les conclusions complètes sont plus nuancées (1).

    « A l'échelle du 21ème siècle et pour la Belgique, les premiers effets des changements climatiques seront probablement d'ampleur relativement limitée, surtout si l'on tient compte des mesures d'adaptation qui peuvent être prises tant que les changements ne sont pas trop importants. Mais il ne faut pas se leurrer : l'adaptation a également un coût, et ses limites. Certains de ces impacts pourraient être très significatifs, et deviendraient de plus en plus visibles si le réchauffement n'était pas maîtrisé : effets des vagues de chaleur sur la santé et la mortalité, perturbation des écosystèmes et pertes d'espèces et milieux fragiles, contribution au risque d'inondations et érosion des plages. »

    Ce rapport évoque également les impacts indirects :
    « Pour un problème aussi global que celui des changements climatiques, ce serait une grave erreur d'imaginer que nous pourrions nous limiter aux seuls impacts qui affecteraient notre petit territoire. Sans même invoquer les préoccupations éthiques, il faut bien se rendre compte que les prix de l'alimentation dépendent aujourd'hui de la santé de l'ensemble du système agricole mondial. Les virus ne restent pas non plus confinés dans des zones lointaines. Des sécheresses à répétition affectant le pourtour méditerranéen auraient évidemment des conséquences chez nous en termes d'afflux de réfugiés, pour ne citer que ces exemples. »

    La deuxième partie de la question concernant l'effet du méthane se réfère au Potentiel de Réchauffement Global (PRG), qui est un indice servant à évaluer la contribution relative au réchauffement de la planète d'une émission dans l'atmosphère d'un kilogramme d'un gaz à effet de serre particulier, par comparaison avec l'émission d'un kilogramme de dioxyde de carbone, ceci compte tenu de leurs durées de vie et de leurs pouvoirs radiatifs respectifs.

    Le Protocole de Kyoto prend en compte six gaz à effet de serre : le CO2, le CH4, le N2O et trois types de gaz fluorés : les hydrofluorocarbones (HFC), les perflurorocarbones (PFC) et les hexafluorures de soufre (SF6).

    Par exemple, pour un horizon de temps de 100 ans, le méthane a un PRG de 21, ce qui signifie qu'un kilogramme de méthane provoque le même effet de serre que 21 kg de CO2. Les valeurs reprises ici sont celles qui seront d'application jusque 2012 dans le cadre de la mise en oeuvre du Protocole de Kyoto. Elles servent notamment à exprimer les émissions de GES en poids de CO2 équivalent (CO2- éq.) pour permettre de sommer et de comparer les émissions des différents GES.

    Voir tableau en annexe.


    Je ne trouve pas dans l'extrait du rapport de la Cour des comptes de « pétition de principe » qui affirmerait que « les vaches soient plus responsables du changement climatique que les autres secteurs ». Il n'aura pas échappé à l'honorable Membre qu'outre le facteur de conversion en équivalent-CO2, il convient naturellement de considérer également les valeurs absolues des émissions de chacun des gaz afin de juger de leur contribution respective aux changements climatiques.

    Je l'invite par conséquent à se référer aux informations déjà fournies dans ma réponse à sa question parlementaire n°515, concernant la répartition sectorielle des émissions de gaz à effet de serre en Région wallonne en 2008.

    Selon ces données récentes, les secteurs résidentiels, les transports et les activités économiques émettent près de 8 fois plus de gaz à effet de serre que le secteur agricole. Au niveau wallon, il est donc inexact d'affirmer que les vaches sont plus responsables du réchauffement que les autres activités citées.



    (1) Impacts des changements climatiques en Belgique : Marbaix et van Ypersele, http://www.astr.ucl.ac.be/users/marbaix/impacts/