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La Belgique perd son carbone de sol

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2010
  • N° : 763 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 17/08/2010
    • de EERDEKENS Claude
    • à HENRY Philippe, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire et de la Mobilité

    « La Belgique perd son carbone de sol ». Ainsi titrait « le Soir » du 6 août 2010 en sa page 17. Il s'agit d'une étude réalisée par l'UCl à laquelle fait référence le quotidien vespéral.

    Une étude a en effet été réalisée par de nombreux scientifiques du Centre Georges Lemaître pour la recherche climatique de l'UCl et les résultats de cette étude ont été publiés dans la dernière édition de PNAS.

    Cette étude semble mettre en cause les grandes cultures intensives qui entraînent une diminution importante du carbone de sol. Selon cette étude, il est important de laisser sur place dans les zones de culture les résidus comme la paille et de ne pas pratiquer le drainage intensif.

    Il est aussi suggéré de pratiquer les cultures intercalaires comme la moutarde, le colza ou l'orge et de ne pas laisser le sol nu. Il est donc recommandé d'adopter pour l'avenir des pratiques agricoles plus respectueuses de l'environnement.

    Monsieur le Ministre a-t-il pris connaissance de cette étude?

    Dans l'affirmative, a-t-il entrepris de nouer des contacts avec son collègue en charge de l'agriculture?

    Comme l'exprime le quotidien « le Soir », les grandes cultures intensives atteignent leur limite car avec moins d'! % de carbone dans le sol, la terre ne peut plus absorber la pluie. Ce serait en fonction de cette situation que surviendraient dans certains villages du Brabant wallon, lors de précipitations importantes ou exceptionnelles, des coulées de boues que l'on ne connaissait pas auparavant.

    Quelles sont les décisions prises par Monsieur le Ministre pour remédier à cette situation?




  • Réponse du 08/11/2010
    • de HENRY Philippe

    Deux documents sources ont été utilisés pour fournir les éléments de réponse à la question posée. Le premier est un article écrit par Esther Goidts et Bas van Wesemael (UCL) présentant les résultats d'une étude financée par le Ministre Benoît Lutgen. Le second est un document plus ancien qui présente les résultats d'une étude réalisée par l'IRSIA.


    1° Sur base des données à disposition, les recherches effectuées à l'UCL ont pu mettre en évidence une tendance générale à une diminution des teneurs en Carbone Organique Total (COT) dans les horizons labourés des terres de culture sur la période étudiée (1955-2005). Ces résultats doivent toutefois être pris pour ce qu'ils sont, dans les limites de l'étude, et demanderaient d'être confirmés par de nouvelles études. Effectivement, l'évolution des stocks en COT dans les sols est difficile à évaluer du fait de l'extrême variabilité spatiale des teneurs en COT, d'une évolution des teneurs s'effectuant dans une gamme relativement étroite et du manque d'informations suffisamment précises relatives aux pratiques culturales passées et présentes. La diminution des teneurs observées en grandes cultures peut être expliquée en partie par la diminution des intrants organiques au niveau des sols, du fait d'une spécialisation de plus en plus grande du secteur agricole, ainsi que par certains changements en terme d'emblavement (augmentation des cultures à racine et des fourrages au dépend des céréales).

    Source: Goidts, E., van Wesemael, B. (2005). Regional assessment of soil organk carbon changes under agriculture in Southern Belgium (1955-2005). Geoderma 141, 341-354.



    2° Il est communément admis qu'une présence minimum de COT dans les sols a une action bénéfique sur la stabilité structurale du sol, et donc sur la diminution du risque de dégradation de l'état de surface des sols. Il a dès lors un rôle important à jouer en termes de lutte contre l'érosion et de limitation des coulées boueuses.
    Des études réalisées à l'époque à l'Unité de Science du Sol (Gembloux) ont pu démontrer que des teneurs de 1,4-1,5 % en COT étaient à même de rétablir une stabilité structurale du sol tout à fait satisfaisante. De ce fait, le risque de pollution par les nitrates engendré par de trop grandes concentrations en COT est ainsi écarté.

    Source: Ducat, N., Bock, L. (1995). Etat organique des terres agricoles en Hesbaye. In Geypens, M. et Honnay, J.P. (ed.) Matières organiques dans le sol; Conséquences agronomiques et environnementales. Comité de recherche sur la matière organique du sol, I.R.S.I.A., Bruxelles, pp. 33-44.


    Diverses actions de lutte contre l'érosion sont menées en Wallonie, notamment au travers des mesures agri-environnementales.