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La lutte contre la maltraitance des personnes âgées

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2010
  • N° : 79 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 21/12/2010
    • de SIMONIS Isabelle
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des chances
    Je reviens aujourd'hui vers Madame la Ministre concernant la maltraitance des personnes âgées dans la mesure où les résultats partiels d'une étude menée par des chercheurs de l'ULg viennent de paraître dans la presse. Il ressort de cette étude que près de 30 % des Wallons de plus de 70 ans ont déjà été victimes de maltraitance, parmi ceux-ci, 15 % déclarent être quotidiennement atteints dans leur intégrité. Les trois quarts des victimes vivent à domicile. Or, quand on sait qu'un important travail est actuellement mené par le Gouvernement wallon en vue de favoriser le maintien à domicile des personnes âgées pour répondre au manque de places dans les maisons de repos, ce constat pose pour le moins question.

    Dans ce contexte, j'aurais voulu savoir, quels sont les outils à disposition des victimes et de leurs familles pour faire face à ce phénomène. Les contrôles sont bien organisés et encadrés pour ce qui concerne les maisons de repos, mais qu'en est-il dans le cadre de l'habitat kangourou et de l'accueil familial, actuellement en pleine croissance en Région wallonne?

    Par ailleurs, Madame la Ministre dispose-t-elle de données lui permettant d'évaluer l'efficacité des campagnes de promotion menées par l'Agence wallonne de lutte contre la maltraitance des personnes âgées? Après bientôt deux années d'existence, dispose-t-elle de premières évaluations des services fournis par l'agence? Si oui, quels enseignements a-t-elle pu en tirer pour le futur?
  • Réponse du 10/01/2011
    • de TILLIEUX Eliane

    Les données dont nous disposons indiquent que la majorité des cas de maltraitance sont vécus à domicile, et sont au demeurant souvent le fait de proches. Or, il est vrai que l'orientation prise en Wallonie dans le cadre de la politique en faveur des aînés privilégie le maintien à domicile, moins pour simplement solutionner un manque de places en maisons de repos que parce qu'il s'agit du souhait de la grande majorité de nos aînés.

    Les expériences pilotes d'accueil familial qui se mettent en place ne peuvent se concevoir sans un encadrement bien construit, incluant un suivi scientifique et la collaboration avec les services d'aide à domicile existant en Wallonie, je pense par exemple aux centres de coordination des soins et de l'aide à domicile.

    Ce cadre et ce travail en réseau sont des garanties pour une prévention et une détection précoce de faits de maltraitance qui se dérouleraient dans ce contexte, ce que l'on ne peut exclure à priori.

    Le meilleur moyen de lutter contre la maltraitance des personnes âgées passe, à mon sens, par le renforcement de la présence et la visibilité de Respect Seniors.

    Dès lors, et complémentairement au budget annuel alloué à l'agence pour la réalisation de ses missions, des moyens supplémentaires ont été octroyés en 2010 pour permettre, d'une part la réalisation d'une étude portant sur la réalité de la maltraitance en Wallonie et, d'autre part la mise en place d'une stratégie de communication.

    Cette période de développement d'une stratégie de communication a bien pris fin en novembre dernier, elle incluait un axe local par des actions diverses au niveau des différentes antennes régionales de l'agence et un axe global regroupant des actions sur l'ensemble de la Wallonie.

    Je citerai quelques actions significatives au niveau local:
    - à Liège, des spots radio ont été diffusés durant la semaine du 15 juin, incluant la journée mondiale de lutte contre la maltraitance de personnes âgées, sur les ondes locales de Bel RTL et de Radio Nostalgie (60 passages) ;
    - l'antenne de Namur a choisi notamment d'organiser une table ronde au centre culturel de Dinant, Dinant s'avérait être une entité encore peu sensibilisée. Le public ciblé au départ était le monde judiciaire, mais d'autres professionnels y ont également participé; cette activité a été relayée par mail, par courrier, par la presse écrite, par Vivacité, par Canal C pour Philippeville et « Ma Télé » pour Dinant;
    - l'équipe de Charleroi s'est déplacée dans toute la région avec un « info bus », sur les marchés, auprès de maisons de repos ou d'un restaurant social. Elle a également profité de la journée internationale de la personne âgée et du premier anniversaire de son installation pour organiser un ciné-débat tout public qui a eu lieu au cinéma le Parc de Charleroi, en présence du réalisateur d'un des 2 court-métrages, Christophe Reyners. Environ 200 personnes ont assisté à la projection et au débat qui s'ensuivait;
    - les antennes de Tournai, du Luxembourg et du Brabant wallon ont souhaité diffuser une information toute boîte dans leurs régions respectives, ce sont ainsi plus de 43 000 folders de Respect Seniors qui ont été distribués par les services postaux.


    Pour l'axe régional:
    - les contacts avec le monde judiciaire ont été privilégiés; à cet effet, des contacts ont été établis avec les bâtonniers, les maisons de justice, les Juges de paix, ...
    - durant la semaine de la personne âgée en octobre, des spots radio ont été diffusés sur les ondes régionales francophones;
    - des publications auprès de journaux régionaux ont également été réalisées pour faire connaître l'agence, soit par l'insertion d'encarts publicitaires, soit par la réalisation d'un carnet spécifique reprenant les activités.
    - les publications de l'agence, soit les brochures, affiches, folders, ont aussi été adaptées.


    Le point final de cette campagne de communication fut l'organisation du congrès international francophone, le 18 novembre dernier, où plus de 750 participants se sont mobilisés pour venir écouter et échanger avec les orateurs français, suisse, québécois et belges.

    L'agence est également active sur le plan européen puisque qu'elle est membre de la plate-forme européenne Age et sera un des représentants belges dans un projet pilote européen sur la prévention de la maltraitance des personnes âgées, projet qui regroupe 12 pays européens.

    A ce jour il n'est pas aisé de tirer des conclusions sur l'impact de l'ensemble de ce plan de communication, mais des éléments objectifs sont toutefois à relever:
    - l'intérêt marqué du public tant professionnel que non professionnel;
    - le niveau important de participation aux manifestations;
    - l'augmentation des demandes de sensibilisation et de formation;
    - un intérêt grandissant du réseau associatif pour travailler et/ ou s'associer à des actions avec l'agence;
    - une augmentation significative du nombre d'appels reçus par Respect Seniors.


    En synthèse, je pense qu'il était nécessaire, dans le contexte du démarrage de l'agence, de mettre des moyens supplémentaires pour la mise au point d'une stratégie de communication que l'agence doit à présent maintenir et adapter en fonction des résultats obtenus dans le temps.

    Enfin, l'étude sur la maltraitance des personnes âgées en milieu intrafamilial a été finalisée sur le terrain fin octobre 2010.

    Plus de 750 personnes âgées de 70 ans et plus, choisies aléatoirement dans 29 communes wallonnes, ont été interviewées. L'analyse de l'ensemble des données n'est pas finalisée à ce jour. Au stade actuel, on peut toutefois déjà épingler quelques résultats:
    - 25 % des répondants n'ont pas de services à proximité (épicerie, médecins généralistes, pharmacies, ... )
    - 6,6 % des répondants n'ont pas parlé à une personne ne faisant pas partie du ménage, même par téléphone, dans le courant de la semaine précédant l'enquête,
    - le taux de personnes dépendantes est assez important; par exemple 71,3 % des personnes interviewées ont des difficultés pour au moins une tâche de la vie quotidienne (entretien du logement et travaux domestiques) ;
    - 28,8 % des personnes ont ressenti une ou plusieurs atteinte(s) à leur intégrité en général. Ce pourcentage reste à 26,8 % si l'on retire les négligences;
    - 15 % estiment être victimes d'une atteinte à leur intégrité physique, les atteintes à l'intégrité psychologique et émotionnelle étant citées dans plus de 18 % des cas;
    - 19,3 % des répondants connaissent l'existence d'une association de lutte contre la maltraitance des personnes âgées.