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La mission économique en Israël et Palestine

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2019
  • N° : 86 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 27/11/2019
    • de GROVONIUS Gwenaëlle
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Une mission économique organisée conjointement par l'AWEx et hub. brussels aura lieu en Israël et en Palestine du 8 au 11 décembre. Elle sera centrée sur « l’innovation technologique » en Israël. Dans le programme de la présente mission figurent des visites de centres médicaux et d'innovation, un événement à l'ambassade belge et des programmes interentreprises (business to business).

    Une visite du Centre Peres pour la paix, ainsi qu’une rencontre « optionnelle » à Ramallah tente clairement de répondre à des prérequis énoncés dans la résolution du Parlement bruxellois votée en mai 2018 suite aux massacres de la marche du retour. Pour rappel, cette résolution conditionne notamment l’organisation de telles missions « à une programmation équilibrée impliquant la rencontre d’acteurs et militants israéliens et palestiniens engagés en faveur du respect des droits humains ».

    Le contexte actuel n’est pas des plus réjouissants : le Gouvernement de Benjamin Netanyahou maintient Gaza sous un blocus inhumain, il consolide l’occupation et le régime d’apartheid et il bénéficie d’une impunité telle qu’il envisage prochainement d’annexer illégalement des pans entiers de la Cisjordanie.

    L’approche de cette mission économique, outre qu’elle me semble douteuse éthiquement, est contraire aux obligations faites aux États de faire respecter le droit international humanitaire, lequel enjoint notamment de ne pas contribuer au maintien de la situation illégale découlant de la politique de colonisation.

    Monsieur le Ministre ne pense-t-il pas que promouvoir le commerce avec Israël ne peut que contribuer à valider sa stratégie d’occupation ?

    La défense de la prospérité de nos entreprises peut-elle se faire au mépris des droits humains ?

    Faisant suite à la décision de la Cour de Justice de l’Union européenne à propos de l’obligation d’étiquetage, quelles sont les entreprises wallonnes présentes sur les territoires des colonies de peuplement ?

    Quelles sont les entreprises wallonnes qui effectuent des échanges commerciaux avec ces colonies ?

    Le contexte de la mission économique se ferait au mépris du droit international et des droits fondamentaux du peuple palestinien. Nous ne pouvons pas nous rendre complices d’une occupation illégale. De ce fait, pense-t-il qu’il soit possible de réévaluer la cohérence et l’intérêt de cette mission économique et l’annuler ?
  • Réponse du 13/12/2019
    • de BORSUS Willy
    Comme j’ai eu l’occasion de l’indiquer dans le cadre d’une question orale qui m’a été posée récemment par Madame la Députée Ryckmans, la mission économique que hub.brussels avait l’intention d’organiser en Israël et en Palestine, du 8 au 11 décembre, a finalement été transformée en une prospection individuelle de quelques hommes d’affaires wallons et bruxellois. En effet, compte tenu du nombre peu élevé de participants, l’AWEx a décidé de ne pas prévoir d’encadrement officiel sur place.

    Ceci étant précisé, j’en viens maintenant aux sujets spécifiquement abordés dans la question de l’honorable membre.

    Tout d’abord pour indiquer que je considère que la « prospérité des entreprises », pour reprendre son expression, ne doit pas être opposée à la notion de respect des droits humains. En effet, à mon sens, l’action des entreprises peut être, au même titre que celle d’autres composantes de notre société, un vecteur important de promotion et donc de défense des valeurs éthiques. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le secteur privé est de plus en plus souvent associé à des projets visant au développement de nos partenaires en matière de coopération.

    Si l’AWEx avait initialement prévu d’effectuer un déplacement à Ramallah, c’était surtout pour mettre en contact nos hommes d’affaires avec des jeunes palestiniens actifs dans le secteur des technologies de l’information (TIC) et d’y développer sur place une activité économique porteuse de développement social en Palestine, partenaire prioritaire de coopération de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Wallonie.

    Cette initiative semblait d’autant plus cohérente qu’elle concernait exclusivement des activités civiles non liées à la politique de colonisation ou à la politique sécuritaire d’Israël.

    Elle s’inscrivait dans le cadre d’une mission qui devait être organisée en Israël, un pays qui fait régulièrement l’objet de prospection de la part d’opérateurs publics et privés et qui paraît tout à fait incontournable lorsque l’on parle d’innovation, de numérique et de technologie. C’est la raison pour laquelle, sur la base d’une analyse précise des opportunités pour le secteur numérique wallon (écosystème de R&D et Innovation très dynamique, pratique mature de l’innovation ouverte, culture entrepreneuriale et politique de partenariat public-privé très développée, même avec les entreprises étrangères), l’AWEx, sous la bannière Digital Wallonia, a créé un Digital Wallonia Hub à Tel-Aviv en 2018.

    En ce qui concerne les investissements wallons, à notre connaissance, aucune entreprise wallonne n’est établie sur le territoire de l’État d’Israël.

    Par ailleurs, l’AWEx veille systématiquement à ne pas programmer de contacts commerciaux entre des entreprises wallonnes et des sociétés israéliennes ayant leur siège social dans les colonies.