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Les dégâts forestiers engendrés par la prolifération des scolytes

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 158 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 18/02/2020
    • de GAHOUCHI Latifa
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Les scolytes sont des coléoptères qui se nourrissent du cambium, le jeune bois situé sous l'écorce. Bien que ces insectes soient de petite taille (entre 2 et 7 millimètres), ils provoquent d'importants dégâts dans nos régions boisées. Pouvant voler jusqu'à une distance de 1 kilomètre, leur essaimage commence dès que la température grimpe au-dessus de 18 °C.

    Les scolytes pénètrent sous l'écorce, en faisant des trous ou en franchissant les ouvertures existantes (telles que les crevasses, ou les plaies de coupe). Deux à trois fois par an, selon les températures atteintes, les femelles pondent une centaine d'œufs après l'accouplement. Après leur éclosion, les jeunes générations de scolytes forment à leur tour de nouvelles galeries, empêchant une circulation optimale de la sève. L'arbre, privé de ses ressources vitales, commence alors à se mortifier.

    J'ai lu dans la presse un article de l'Union des villes et communes de Wallonie qui estime que les dégâts causés par ces insectes ont déjà coûté 38 millions d'euros aux communes.

    Au-delà de l'aspect financier compliqué et dommageable pour l'ensemble de la filière du bois, que préconise Madame la Ministre afin d'enrayer ce phénomène et la prolifération de ce parasite particulièrement nocif ?

    Une des solutions idéales pour éviter la multiplication de ces nuisibles est d'entretenir les sols en les maintenant bien hydratés en permanence, mais en période de sécheresse, cela s'avère pratiquement impossible. Dès lors, une autre solution réside dans l'abattage des arbres malades afin d'éviter la propagation de ces insectes à des hectares entiers de forêt.

    Madame la Ministre prévoit-elle un plan d'abattage ?

    Compte-t-elle développer un plan de prévention afin de sensibiliser les différents acteurs du terrain à réagir très vite lorsqu'un arbre malade est détecté afin de l'abattre et de l'évacuer rapidement pour permettre à ses congénères encore sains d'éviter d'être infestés à leur tour ?
  • Réponse du 26/08/2020
    • de TELLIER Céline
    Concernant l’impact de la sécheresse sur la vulnérabilité des épicéas aux scolytes, celle-ci tient essentiellement en deux points :
    - des conditions stressantes, comme un défaut d’alimentation en eau, qui les rendent plus vulnérables ;
    - une diminution de la capacité de produire de la résine, qui est un bon moyen de défense de l’épicéa lorsqu’un scolyte s’attaque à son écorce.

    Malheureusement, il n’est pas possible, comme l’honorable membre l’évoque, de veiller à la bonne hydratation des sols en forêt, comme on pourrait l’imaginer en agriculture, celle-ci étant essentiellement tributaire des pluies.

    En termes de prévention, la priorité est de respecter le principe suivant : planter les espèces d’arbres dans les zones qui leur conviennent (sol, climat). Les premiers épicéas à être attaqués par les scolytes sont ceux qui sont situés à trop basse altitude. À ce niveau, ils sont beaucoup plus rapidement en état de stress que ceux plantés en Haute Ardenne par exemple.

    De manière complémentaire, une sylviculture comprenant des arbres de différentes espèces et d’âges variés permet une meilleure exploitation du sol par les racines.

    Concernant la mise en place d’un « plan d’abattage », c’est bien la méthode préconisée en premier lieu : abattre et évacuer l’ensemble des épicéas touchés par les scolytes, et ce, le plus tôt possible.
    Pour autant, il ne saurait être question d’abattre préventivement des peuplements sains. Il est essentiel de se focaliser en priorité sur les arbres malades, sous peine d’engorger le marché.

    Par ailleurs, différents outils sont à disposition des propriétaires, comme l’Observatoire wallon de la santé des forêts, qui diffuse ses messages d’alerte et conseils en matière de lutte ; le site Scolytes.be (http://scolytes.be/) mis en place en 2018, ainsi que l’ensemble des acteurs de terrains et associations tels que : la Cellule d’appui à la petite forêt privée (un service de l’Office économique wallon du bois), la Société royale forestière de Belgique, la Confédération belge du bois, l’Union des villes et communes de Wallonie, la Fédération nationale des experts forestiers, et cetera.

    Tous ces acteurs s’expriment par leurs canaux propres, mais également via la presse.

    La stratégie développée dans le cadre de la lutte contre les scolytes s’articule autour des mesures suivantes :
    - la priorité est d’abattre les arbres scolytés et de les évacuer le plus rapidement possible de la forêt ;
    - quand il n’est plus possible d’évacuer l’ensemble des bois scolytés vers les scieries, il est nécessaire d’écorcer les arbres en forêt, ce qui permet de les y stocker sans risque pendant plusieurs mois. L’écorçage a pour effet de détruire les larves de scolytes et donc de diminuer leur quantité en forêt. À cet égard, les exploitants forestiers bénéficient depuis peu d’un régime de subvention en vue d’acquérir des rouleaux écorceurs pour équiper leur matériel ;
    - le piégeage des scolytes est utilisé par certains propriétaires, principalement en début de saison. Une expérimentation est actuellement menée par le Centre wallon de Recherches agronomiques (CRA-W) pour évaluer et améliorer cette technique ;
    - outre les différents canaux d’information évoqués visant à responsabiliser les propriétaires d’arbres scolytés, le Département de la nature et des forêts peut intervenir directement auprès des propriétaires concernés et leur signifier les obligations de gestion relatives aux arbres scolytés. Cette disposition résulte d’un arrêté du Gouvernement adopté le 16 juillet dernier et portant sur les mesures temporaires de lutte contre la pullulation des scolytes de l’épicéa. Cet arrêté assure le relais d’une réglementation fédérale abrogée depuis peu.