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Les coopératives

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 233 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 14/07/2020
    • de FONTAINE Eddy
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    « La coopérative : quelque chose qui appartient à tous pour que chacun se sente impliqué »… Ce sont les mots de la co-coordinatrice de l'épicerie Macavrac à Wavre pour définir le projet qu'elle a mis en place. « On est là pour créer du lien social », raconte le créateur de Coopéco à Charleroi, un autre supermarché participatif.

    Ces deux exemples ainsi que tous les participants à des coopératives sont devenus des fervents défenseurs de ce modèle et estiment que l'avenir de la Wallonie doit passer par ce type d'économie : (re)mettre de la vie dans un lieu qui n'en a pas ou plus, rassembler des citoyens et des bénévoles, proposer des produits à des prix abordables, conscientiser à la réduction des déchets, à l'alimentation responsable, à la complexité de la filière alimentaire.

    Les coopératives permettent aussi et surtout de soutenir les petits producteurs locaux.

    Ce modèle, considéré comme disruptif, c'est-à-dire en rupture avec ce qui existe, répond à la nécessaire réorientation de notre économie décrite dans la Déclaration de politique régionale. La Wallonie a également décidé de renforcer son soutien aux coopératives et de marquer son aide via le dispositif Brasero de W.Alter.

    Madame la Ministre peut-elle m'informer du recensement des coopératives en Wallonie ?

    Font-elles toutes appel au mécanisme d'aide de W.Alter ?

    De nouvelles perspectives sont-elles envisagées pour ce type de modèle social et coopératif ?

    Une campagne de promotion en faveur des coopératives verra-t-elle le jour mettant en avant le travail des petits producteurs locaux et répondant à l'appel de ceux-ci de ne pas les oublier après la crise sanitaire ?
  • Réponse du 01/09/2020
    • de MORREALE Christie
    Le mouvement coopératif est en plein essor en Europe avec près de 176 000 coopératives détenues par 141 millions de coopérateurs et générant 4,7 millions d’emplois selon les chiffres de « Cooperatives Europe », Plateforme européenne de l’Alliance Internationale des Coopératives (ACI). Au niveau wallon, l’Observatoire de l’Économie sociale assure le recensement statistique des données relatives à l’économie sociale en Belgique francophone. Soutenu depuis 2014 par la Wallonie, l’Observatoire de l’Économie sociale a été développé en 2008 par ConcertES et la CRESS Hauts-de-France - Chambre régionale de l'Économie Sociale et Solidaire Hauts de France - dans le cadre du projet Interreg « DESIR » (Développement de l’Économie Sociale Inter-Régional). Pour l’année 2020, l’Observatoire a recensé 669 sociétés coopératives wallonnes. En tenant compte de la Réforme du code des sociétés, le scope des sociétés coopératives porte sur trois types de coopératives : celles agréées par le Conseil national de la Coopération (CNC), celles agréées comme entreprise sociale (anciennement « Société à finalité sociale ») et celles agréées en tant que société coopérative CNC et en même temps comme entreprise sociale (anciennement SC à FS). Le baromètre ne recense pas les sociétés coopératives non agréées, car elles ne respectent pas les principes de l’Alliance Coopérative Internationale (ACI)
    Ces chiffres montrent, d’une part, la marge de progression en termes de création de sociétés coopératives et, d’autre part, la nécessité de développer une Stratégie ambitieuse de soutien à l’économie sociale afin de favoriser l’émergence de sociétés coopératives en Wallonie.

    W. Alter, une des filiales de la SRIW, se positionne comme le partenaire financier incontournable de l’économie sociale en Wallonie pour conseiller, accompagner et soutenir financièrement les entrepreneurs à tous les stades de leur développement. W. Alter s’investit activement dans la vie des coopératives, dans le respect des finalités et de la démocratie participative qui constituent les fondements de ce modèle.

    En quelques chiffres, W. Alter a déjà soutenu plus de 300 entreprises wallonnes depuis sa création. 140 entreprises coopératives sont toujours dans son portefeuille aujourd’hui. 75 millions euros ont été engagés sous la forme de prêts ou d’apports en capital.

    Plus de 7 000 emplois directs indirects sont soutenus et renforcés et 15 000 coopérateurs citoyens ont investis dans des coopératives financées par W. Alter. À ce chiffre s’ajoutent les 116 000 coopérateurs de la banque coopérative NewB que la Wallonie a soutenue à hauteur de 400 000 euros.

    À l’occasion de ses 25 ans d’existence, fêté le 15 juin 2020, W. Alter, anciennement la Sowecsom, a affirmé son engagement en faveur de l’entrepreneuriat coopératif. Derrière ce nouveau nom, W. Alter a redéfini et renforcé son offre de financement autour de trois axes, ce afin d’accompagner les entrepreneurs à tous les stades de leur évolution : du développement de l’idée jusqu’à la création et la croissance de leur coopérative.

    Premier axe d’intervention : W. Alter propose une offre de financement pouvant aller jusqu’à 25 000 euros pour les projets coopératifs en phase de précréation. L’action du Gouvernement permettra de soutenir, en 2020, jusqu’à 25 projets coopératifs. Aujourd’hui, 3 projets ont été soutenus (Humanum Gold, Mobius et Ecopoon).

    Deuxième axe d’intervention : W. Alter intervient en phase de création dès le démarrage du projet. Dans ce cas, W. Alter propose une offre de crédit ou un apport en fonds propres au capital de la coopérative.
    De la sorte, W. Alter devient actionnaire aux côtés des autres coopérateurs citoyens qui investissent dans le projet. Le principe de ce financement public-privé appelé « Brasero » est que chaque euro investi par les coopérateurs est doublé (1euro investi par W. Alter pour 1 euro des coopérateurs), jusqu’à 200 000 euros, voire 500 000 euros pour des projets liés à la transition énergétique (Fonds wallon Kyoto). Plus de 80 coopératives ont bénéficié de ce financement depuis 2015 pour un total de près de 10 millions euros.

    Tous les secteurs d’activité sont concernés et, en particulier, des coopératives citoyennes actives dans l’éolien, le logement, l’alimentaire, le recyclage, mais pas seulement ! Prenons l’exemple de MEDISPRING, une coopérative de médecins, qui a financé et développé son propre logiciel de gestion afin de garantir à ses membres de conserver la maîtrise de cet outil. Ce projet coopératif a réuni plus de 1 million euros de capital auprès de 1 169 coopérateurs.

    Troisième axe d’intervention : W. Alter soutient les projets coopératifs en phase de croissance : des projets immobiliers, alimentaires ou encore d’énergie renouvelable. W. Alter intervient en fonds propres et/ou via l’octroi de prêts pour financer des projets ambitieux de croissance ou de diversification.

    À travers sa nouvelle offre de financement, W. Alter propose aux entrepreneurs wallons, qu’ils soient jeunes ou expérimentés, de participer activement au développement d’une autre économie en Wallonie, plus locale, plus durable et plus humaine. W. Alter est donc en ordre de marche pour financer l’économie de demain, une économie plus « altruiste ».

    Depuis de nombreuses années, la Wallonie soutient l’économie sociale. Elle a d’ailleurs été une des régions pionnières d’Europe dans cette matière en 2008.
    Après avoir dégagé près de 8 millions d’euros pour booster ce modèle économique alternatif (par exemple : accompagnement et l’aide financière des coopératives, ceintures alimentaires, Comptoirs des Ressources Créatives, Chaire d’économie sociale HEC Liège, territoire d’innovation en économie sociale, soutien à l’émergence de la banque coopérative NewB) et près de 6 millions pour le soutien à des projets pilotes innovants (par exemple : projet Bourses impact social, projet en énergie verte, projet socioculturel, projet en circuit-court, projet en finance solidaire, etc.) en début de législature, le Gouvernement wallon vient d’allouer une enveloppe supplémentaire de 2,5 millions d’euros au développement de la notoriété de l’économie sociale ainsi qu’au soutien financier et à l’accompagnement des coopératives par W. Alter dans le cadre du Plan de relance de la Wallonie. Cette décision est en phase avec l’ambition de la Wallonie de fixer, à l’automne 2020, sa feuille de route en matière de Stratégie wallonne 2020-2024, pour l’économie sociale.

    Cette feuille de route vise à structurer la vision de l’économie sociale autour d’axes prioritaires et d’objectifs stratégiques et opérationnels (SMART). Au total, sept secteurs structurants ont été identifiés : la santé, le logement durable (immobilier), l’énergie verte (renouvelable), l’alimentaire (circuits courts), les ressourceries (économie circulaire), la mobilité alternative et la culture. Cette Stratégie renforcera la cohérence entre des dispositifs actuels et des actions futures en économie sociale, et ce, en coordination avec les plans wallons (Circular Wallonia, Digital Wallonia et Get Up Wallonia !…) et les programmes européens (FEDER, FSE+ 2021-2027).

    Le soutien aux coopératives est au cœur de la stratégie gouvernementale comme en témoigne la Déclaration de politique régionale 2019-2024. Pour favoriser la transition sociale, écologique et économique souhaitée pour la Wallonie, le Gouvernement wallon accorde effectivement une attention particulière pour « la prise en compte de nouveaux modèles économiques et de nouveaux modes d’organisation du travail démocratiques (comme les coopératives) ».

    Dans le cadre du « Gep up Wallonia ! », l’économie sociale et coopérative sera un des leviers du plan de relance socio-économique et jouera un rôle dans la task force « économie » comme dans celle portant sur les enjeux « Emploi, social et santé », voire même au niveau des enjeux « Environnementaux et de Territoire ». En outre, l’entrepreneuriat coopératif sera également encouragé comme levier d’action dans la nouvelle Stratégie wallonne de déploiement de l’économie circulaire (« Circular Wallonia ») adoptée par le Gouvernement wallon le 16 juillet 2020.

    Ces diverses illustrations témoignent du « Momentum de l’économie sociale » ainsi que des engagements consentis par le Gouvernement wallon en faveur du modèle coopératif en Wallonie !

    La crise sanitaire liée à la Covid-19 a effectivement amené l’ensemble des Wallons et des Wallonnes à penser autrement le modèle économique et à soutenir, notamment, les petits producteurs via les circuits courts et la relocalisation de certains secteurs d’activité. Tant les citoyens, les entreprises, les administrations que les politiques ont dû modifier leur mode de vie, de consommation, d’approvisionnement et de production de biens et de services.

    Face à cette crise économique et sociale, les entreprises d’économie sociale ont fait preuve de résilience, d’agilité et d’adaptation grâce à des méthodes de production plus locales, un engagement important des parties prenantes dans les processus décisionnels (citoyens, travailleurs, fournisseurs locaux), un ancrage local des projets et des modes de financement alternatifs et mixtes.
    À titre indicatif, le taux de survie des entreprises du portefeuille de W. Alter est de 86,8 % à 3 ans et 68 % à 5 ans contre, respectivement, 69,6 % et 58,6 % pour les entreprises wallonnes.