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L'utilisation de matériaux biosourcés dans les investissements de la Direction générale Mobilité et Infrastructures et de la SOFICO

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 478 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 10/08/2020
    • de DESQUESNES François
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie et de la Mobilité
    Le Plan infrastructures récemment revu par le Gouvernement wallon réserve près de 2 milliards d'investissements dans le réseau de mobilité de la Wallonie. Ces investissements sont un levier important pour moderniser nos infrastructures de transport et répondre aux nouveaux besoins de mobilité.

    Comme tels, ces investissements doivent aussi concourir aux objectifs ambitieux que le Parlement wallon s'est fixés en décembre 2018 en matière de réduction des émissions de gaz à effets de serre. Le choix d'investissements destinés à la mobilité active, collective et fluviale y contribue, mais le choix des matériaux utilisés pour réaliser ces divers investissements peut également avoir un effet contributeur positif.

    Tel est particulièrement le cas lorsque les matériaux de construction peuvent être biosourcés, lesquels constituent des pièges à carbone et, s'ils sont issus d'essences et de plantations locales, de puissants leviers pour doper l'économie circulaire et stimuler la création d'emplois locaux durables.

    Monsieur le Ministre peut-il me préciser le bilan actuel de l'utilisation de matériaux biosourcés dans les marchés de la DG Mobilité et Infrastructures et de la SOFICO : quels types d'aménagements en matériaux biosourcés et pour quelle valeur adjugée ou estimée en 2019 et 2020 ?

    Entend-il augmenter la part des chantiers faisant usage de matériaux biosourcés produits dans un rayon de proximité dans le cadre des chantiers repris dans le Plan infrastructures ?

    Envisage-t-il d'imposer ce type de matériau de façon prioritaire dans les cahiers des charges portant sur des ouvrages d'art (passerelle cyclopitonne, pont de RAVEL en bois) ou des équipements spécifiques (glissières de sécurité, potelets, murs antibruits, etc.) à chaque fois que cette alternative est possible ?
    Si oui, quelles instructions a-t-il donnés ou donnera-t-il et quand ?
    Sinon, quels sont les motifs d'un tel refus ?
  • Réponse du 01/09/2020
    • de HENRY Philippe
    Je confirme à l’honorable membre que les matériaux biosourcés sont susceptibles de prendre une place de plus en plus importante dans les infrastructures publiques wallonnes.

    De nombreuses recherches internationales sont en cours afin de mettre au point et de valider des matériaux biosourcés qui allient les aspects environnementaux, techniques, éthiques, économiques et financiers.

    À la suite, il trouvera quelques exemples répondant à ses attentes.

    1. Remplacer le bitume par un liant végétal :

    Il y a plus de 10 ans en Campine, un chantier a été réalisé avec un liant végétal breveté en 2004. Ce chantier n’a pas donné satisfaction, car le liant, qui est une résine plus dure que le bitume, a conduit à beaucoup de soucis de fissurations du revêtement. Les conclusions sont que la constance et la fiabilité du mélange ne sont pas assurées. Le revêtement avec liant végétal a d’ailleurs été recouvert par un enduisage. En France, certains chantiers expérimentaux ont été réalisés à la même époque, avec des fortunes diverses.

    Ce liant a par conséquent été abandonné par les producteurs pendant plusieurs années.

    Actuellement, de nouvelles recherches sont en cours en France, ce qui devrait donner lieu à de nouvelles applications.

    Jusqu’à présent, aucun mélange bitumineux avec liant végétal n’a été testé dans les laboratoires de Nivelles (Région wallonne) ou d’Evere (Région flamande). Ce type de liant n’apparaît d’ailleurs pas dans les spécifications techniques des CCT Qualiroutes et SB250.

    Le SPW Mobilité et Infrastructures, bien conscient des avantages des liants végétaux, mais soucieux de la qualité des revêtements, notamment sous fort trafic, reste attentif à ces recherches et aux mises en œuvre des produits et recommandera (ou non) l’utilisation expérimentale de liants végétaux en Wallonie.

    En fonction des évolutions et des résultats des expériences, ce liant prendrait place à terme dans le CCT Qualiroutes.

    2. Le bois dans les équipements :

    Le bois est souvent choisi pour la réalisation de passerelles cyclo-piétonnes, ainsi que pour les équipements de sécurité et le matériel urbain.

    Le bois subit moins de dégradations de vandalisme et nécessite moins d‘entretien que le béton ou la pierre.

    Le bois n’est toutefois plus utilisé au niveau des écrans antibruit en raison notamment des rendements acoustiques plus faibles que ceux attendus.

    3. La protection des plantations le long des infrastructures régionales :

    Pour préserver les plantations, les matériaux proviennent de mulching réutilisé sur place et/ou fourni par l’entrepreneur ainsi que de l’utilisation des nattes végétales (bois/lin/chanvre) servant d’anti-racines.

    4. Les marquages routiers :

    Les peintures à l'eau sont désormais obligatoires, à la place de celles à base de solvants, sur les nouveaux revêtements et le seront en 2023 dans le cadre des baux d'entretien.

    5. La peinture de structures métalliques :

    Il y a également une volonté de se tourner vers des peintures à l’eau. Un chantier test a été réalisé il y a peu, ce qui permettra d’évaluer la durabilité de ces produits, avant de les imposer, si c’est adéquat, dans les futurs cahiers des charges.

    6. La modification des modèles de cahier de charges utilisés par le SPW MI :

    La crise que nous connaissons le justifie d’autant plus : nous devrons maximiser l’impact de chaque euro d’argent public dépensé dans nos marchés publics, afin d’amplifier la relance. Les clauses sociales et environnementales peuvent à ce titre jouer un rôle important, notamment pour stimuler l’insertion socioprofessionnelle, limiter l’impact environnemental, et tirer nos entreprises vers le haut, en ce compris les PME.

    Le SPW MI est déjà actif en matière de marchés publics responsables. En témoignent notamment quelques belles pratiques, tel que le Prix du marché public responsable, octroyé au SPW MI pour son plan LUWA en 2019, les critères d’attribution développés pour la modernisation de la traversée de Tournai, ou les clauses environnementales développées pour le marquage routier.

    Durant l’été, j’ai demandé au SPW MI de renforcer l’utilisation des clauses environnementales, sociales et éthiques dans ses marchés publics à travers un état des lieux, une invitation à faire des propositions et une liste de marchés de travaux qui serviront de pilotes pour l’outil « échelle de performance CO2 » entre 2020 et 2022.

    À travers ces exemples, l’honorable membre remarquera que la Wallonie n’est pas en reste. Je resterai attentif à ce que les résultats des recherches soient validés pour une utilisation sur les infrastructures wallonnes et à ce qu’elles soient intégrées dans les référentiels techniques « Qualiroutes ».