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Le logement étudiant

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2020
  • N° : 40 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 30/09/2020
    • de CORNILLIE Hervé
    • à DERMAGNE Pierre-Yves, Ministre du Logement, des Pouvoirs locaux et de la Ville
    Dans une enquête menée en 2019 par Sonecom et BDO, à l'initiative du cabinet ministériel de l'Enseignement supérieur à la Fédération Wallonie-Bruxelles, nous pouvions nous informer quant à la disponibilité et l'offre des logements étudiants dans les villes estudiantines wallonnes.

    Cette enquête avance que 4 étudiants sur 10 quittaient le cocon familial pour disposer d'un kot ou tout autre logement étudiant durant leurs études supérieures.

    Nous savons que, pour des raisons financières, la colocation entre étudiants et le logement intergénérationnel sont de plus en plus plébiscités par les étudiants. En effet, les loyers sont moindres et l'attractivité sociale y est plus forte. Les logements étudiants classiques sont tout de même encore fort sollicités. Les kots universitaires et logements publics sont choisis également pour des raisons financières tandis que les résidences privées le sont davantage pour le confort, le loyer étant plus élevé.

    Monsieur le Ministre peut-il quantifier la tendance actuelle des étudiants à se diriger vers la colocation et le logement intergénérationnel ?

    Soutient-il ces alternatives de logements au kot ou logement étudiant classique ?

    Si oui, comment se traduit son soutien ?

    Y a-t-il d'autres alternatives au logement étudiant classique ou au kot retenant son attention et sur lesquelles il travaille ?

    D'autres alternatives alliant loyer attractif et confort sont-elles réfléchies afin de rendre le logement étudiant plus accessible et abordable financièrement pour l'étudiant, singulièrement en période de crise ? Ainsi que d'éventuelles garanties assurant l'étudiant en cas de précarité ?

    Par ailleurs, l'offre de logement étudiant est souvent saturée. Que prévoit-il pour pallier la demande ? Des partenariats public-privé sont-ils envisagés ?
  • Réponse du 01/10/2020
    • de DERMAGNE Pierre-Yves
    Il y a, en effet, plusieurs formes de logement « étudiant ».
    On peut ainsi distinguer :
    - les formes « classiques » : chambres dans les résidences universitaires et internats ou dans les immeubles privés à kots, les chambres louées chez un particulier ou la location unipersonnelle d’un appartement ou studio classique. Et je rappelle au passage que l’offre publique de logements étudiants par les universités reste importante ;
    - et les « nouvelles » formes que sont notamment le logement intergénérationnel ou la colocation.

    Cette nouvelle forme n’est pas facile à dénombrer, puisqu’elle ne doit être déclarée nulle part, mais je vais donner à l’honorable membre des ordres de grandeur pour la colocation et le logement intergénérationnel en Wallonie.

    Pour la colocation, selon l’Observatoire des loyers en Wallonie du CEHD, parmi les logements mis en location privée dans la région, 1 % sont des colocations.
    Et parmi les colocataires, 19 % seraient des colocations homogènes entre étudiants, c’est-à-dire dont la personne de référence de la colocation est un étudiant.

    Les colocations se pratiquent donc majoritairement entre jeunes actifs et donc pas nécessairement étudiants. Il peut y voir coexistence de jeunes actifs et d’étudiants parmi les colocataires.
    Cette solution de logement demeure donc minoritaire en Wallonie.

    Selon l’Observatoire des loyers, la part moyenne du loyer moyen des colocations est 235 euros par colocataire. Le loyer moyen d’une colocation est de 654 euros, ce qui est plus élevé que le loyer wallon moyen.

    La part individuelle de loyer dans une colocation est effectivement inférieure par rapport au coût de logement moyen, estimé à 375 euros par l’étude récente de Sonecom et BDO, pour les étudiants en Fédération Wallonie-Bruxelles.

    Selon cette étude, le loyer de colocation individualisé en Wallonie serait inférieur au loyer moyen dans les résidences universitaires (336 euros) de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

    La colocation constituerait donc une solution financière plus intéressante, d’un point de vue individuel, pour l’étudiant.

    Toutefois, en termes de conditions d’études, la colocation impose de partager les communs et engendre les difficultés d’une vie collective.

    Le rapport qualité-prix des logements pris en colocation n’est pas toujours satisfaisant. Selon l’Observatoire des loyers en Wallonie, on constate que le loyer moyen dans les colocations est de 5 % supérieur à l’ensemble du parc locatif, alors que la superficie habitable moyenne d’une colocation est inférieure (jusqu’à 18 %). Si l’on considère la colocation comme une alternative pour les étudiants, il faut donc prêter attention au rapport qualité/prix du logement, qui n’est pas forcément favorable.

    S’agissant du logement intergénérationnel, son développement et son accompagnement en Wallonie (depuis 2012) et à Bruxelles (depuis 2009) est essentiellement réalisé par l’ABSL « 1 TOIT, 2 ÂGES ».

    Ce type de logement est donc encore récent en Wallonie.

    Depuis 10 ans, l’association a développé près de 2 670 binômes entre un étudiant et une personne âgée, majoritairement de plus de 60 ans. Et l’on constate une nette croissance du nombre de binômes créés ? Ils étaient 500 en 2019 contre moins de 100 en 2010.

    Il faut toutefois rapporter ce chiffre au nombre estimé d’étudiants koteurs en Wallonie, soit environ 65 000 jeunes ne vivant pas chez leur parent en semaine.

    Au regard de cette estimation, le logement intergénérationnel représenterait 4 % de l’ensemble.

    On rappellera aussi que les jeunes habitant des logements intergénérationnels ne sont pas nécessairement des étudiants.

    En ce qui concerne les mesures adoptées, il convient d’évoquer l’important travail amorcé par Paul Furlan, prolongé par moi-même et finalisé par Valérie de Bue pour revoir le droit du bail à la suite de la régionalisation de la compétence.

    Le décret du 15 mars 2018 relatif au bail d’habitation a ainsi introduit deux innovations : le bail étudiant et le bail de colocation, afin de combler le vide juridique qui existait en la matière.

    Le bail étudiant est un bail dont le preneur est un « étudiant » régulièrement inscrit dans un établissement d’enseignement supérieur.

    L’avantage de ce dispositif pour l’étudiant est qu’il peut louer pour une durée d’un an ou moins, afin d’économiser deux mois de loyer pour un logement qu’il n’occuperait pas (essentiellement durant les vacances académiques).
    L’autre avantage est la possibilité de résiliation anticipée sans indemnités (sous certaines conditions) et de sous-location (dans le cadre d’un séjour à l’étranger ou d’un stage).

    Pour les jeunes qui ont malheureusement perdu leur job étudiant à cause du confinement, j’ai immédiatement réagi. En Wallonie, depuis le 23 avril et jusqu’à la fin du confinement, les locataires d’un bail étudiant ont ainsi pu rompre leur bail de manière plus souple, lorsqu’ils subissaient une perte de revenus.

    Concernant le bail de colocation, je redis qu’il n’est pas spécifiquement destiné au logement étudiant. Toutefois, des étudiants y ont recours pour louer une maison ou un appartement, en tant que plusieurs preneurs ayant signé un pacte de colocation. Ce dispositif introduit une sécurité juridique pour toutes les parties : entre colocataires comme entre le bailleur et les colocataires.

    Aujourd’hui, notre action avec l’administration vise à s’assurer que la mise en œuvre de ce nouveau dispositif se déroule parfaitement.

    Je soutiens donc pleinement ces alternatives aux formes classiques du logement étudiant.

    Enfin, au-delà de cela, la Wallonie offre des logements publics destinés aux étudiants les plus précarisés.

    Depuis septembre 2015, en effet, la SLSP « Notre Maison » possède 49 kots à Louvain-la-Neuve, répartis en différents logements communautaires comprenant cinq à sept chambres individuelles meublées. Leur loyer, fixé par la réglementation, est de 250 euros.

    Par ailleurs, les candidatures au logement public enregistrent également des demandes de la part d’étudiants bénéficiant du revenu d’intégration sociale moyennant un projet d’études avec le CPAS.